À mesure que les technologies de l’information gagnent du terrain dans nos sociétés, la guerre de l’information a pris une ampleur inédite.
Le contrôle de l’information a toujours été un élément déterminant dans les conflits en tous genres.
Par le passé, les efforts de propagande restaient limités à des objets comme la télévision ou la radio, qui n’étaient pas transportables et donc rarement accessibles.
Aussi, le journal du soir s’adressait déjà à des millions de personnes, mais le message véhiculé n’était pas personnalisable, la télévision se regardant souvent en famille.
Elle n’avait pas non plus la capacité de récolter des données sur ses spectateurs, afin de cerner leurs psychologie pour créer des messages plus efficaces.
Il était aussi compliqué pour le parti communiste chinois d’avancer ses pions en hackant un programme télévisé américain, l’infrastructure physique sous-tendant la télévision étant nationale, et non mondiale.
Aussi, se servir de la télévision comme un outil de propagande avait de nombreuses limites.
Mais celles-ci ont maintenant disparues.
Avec l’avènement des smartphones et la démocratisation des réseaux sociaux, les frontières passées n’existent plus.
Aujourd’hui, nous transportons 24h/24 un smartphone qui est la cible potentielle d’acteurs malfaisants.
Et nous fournissons à longueur de journée, via les réseaux sociaux, des données personnelles qui rendent les efforts de propagande toujours plus habiles.
Le scandale Cambridge Analytica en est un exemple probant.
Cette entreprise de consulting a payé des utilisateurs de Facebook pour participer à un test de personnalité permettant d’établir leur profil psychologique, tout en récupérant secrètement les données de dizaines de millions d’autres utilisateurs sans leur consentement.
La victoire de Trump en 2016 y est largement liée.
Et à l’international, la complexité de cette guerre de l’information est croissante.
Pendant les élections américaines de 2016, on a estimé que des citoyens américains avaient relayé de la propagande russe des centaines de millions de fois. Mais également que pas moins d’1/5ème des discussions sur Twitter provenaient de bots.
En 2017, on a aussi découvert que l’un des comptes twitter les plus suivis par la communauté noire (@Blacktivist) était en fait géré par une armée de trolls russes.
La question n’est donc plus de savoir si nous sommes la cible de propagande, mais plutôt qui en est à l’origine et comment la repérer ?
Cela doit nous obliger à repenser notre rapport à l’information, alors que de nouvelles technologies comme le deepfake ne feront que brouiller encore plus notre écosystème informationnel.
En n’oubliant jamais que la propagande la plus efficace, c’est celle qui ne se discerne pas comme telle.