Le franc-parler de Marlon Brando

La télévision propose parfois, à travers ses acteurs, de grands moments qui brillent par contraste avec la monotonie qu’elle a tendance à nous offrir.

Pour s’en rappeler, il suffit de visionner l’interview de Marlon Brando par Dick Cavett. Nous sommes en 1973.

Enfoncé dans un canapé avec son look rebelle, la mine grave de l’interprète du Parrain hypnotise son audience.

L’acteur, qui vient de refuser un Oscar pour son interprétation dans Le Parrain, n’est pas là pour jouer, ni pour respecter les codes de la télévision américaine.

Brando utilise son énergie à d’autres fins. Lors des nombreux silences qu’il impose à la discussion, Brando fronce les sourcils, comme pour mieux choisir les mots lourds de sens qu’il s’apprête à employer.

La lenteur et le calme de son phrasé happent le spectateur, comme si on venait là de découvrir une nouvelle forme de communication.

Brando persévère dans l’anticonformise en refusant tout simplement de répondre à certaines questions qui lui sont posées. On ne parlera pas de ses films aujourd’hui. Son temps d’antenne est trop court pour accorder de l’attention à un sujet qu’il juge finalement secondaire.

Non, l’acteur cherche à rediriger la conversation vers un thème ô combien plus important, mais trop souvent passé sous silence : la cause amérindienne.

Le public recherchait du divertissement ? Il ressortira de l’émission plein de doutes.

Car en s’affranchissant d’une partie des codes de bienséance qui prévalent dans nos rapports sociaux, Brando nous questionne.

En épousant trop fortement les conventions sociales, serions-nous tombés dans un excès de conformisme ?

Aurions-nous perdu en chemin notre sens de la vérité ?

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