L’iGen, une génération en perdition ?

iGen. C’est le nom attribuée par la psychologue Jean M. Twenge aux jeunes américains nés entre 1995 et 2012. La première génération qui a vécu toute son adolescence avec un smartphone entre les mains.

Mais quel est l’impact réel de ces nouvelles technologies ? Et en quoi l’iGen est-elle une génération unique en son genre ? 

Une sociabilité mise à rude épreuve

Des études menées par différentes institutions américaines nous permettent de réaliser une première analyse sur la vie de l’iGen.

Grâce à des données statistiques relatives au quotidien de jeunes étudiants américains, Jean M. Twenge a pu construire les graphiques suivants.

L’iGen à une activité sexuelle plus faible que les générations précédentes.

L’émergence des réseaux sociaux et des smartphones implique moins de relations physiques et plus de relations à distance. Y aurait t-il un lien de cause à effet ?

Le taux des adolescents qui affirment se sentir « souvent seuls ».

Le taux des adolescents dormants moins de 7 heures par nuit.

Les « experts du sommeil » en recommandent 9 pour cette catégorie d’âge. Les filles dorment moins que les garçons, et les filles utilisent leur smartphone plus que les garçons.

Le problème pourrait venir de l’écran des smartphones, qui émet une lumière bleue. Cette forme que prend la lumière peut duper le cerveau. Celui-ci est alors persuadé qu’il fait jour. L’état de fatigue est alors altéré par un état d’activité qui peut diminuer la quantité de sommeil.

Le taux de suicide des adolescents. 

Ce taux est monté en flèche ces dernières années. Il existe une corrélation très forte entre la propagation du smartphone, le taux de dépression chez les jeunes et le taux de suicide chez les jeunes.

Le risque de dépression chez les jeunes, par type d’activité (en gris, la contribution au bonheur / en noir, à la dépression).

Ci-dessus, on peut voir que la pratique du sport, la lecture de presse-papier, les interactions hors-ligne, etc… Réduisent le risque d’être malheureux. Toutes ces activités n’impliquent pas d’écran. À l’inverse, toutes les activités qui impliquent un écran augmentent ce risque.

Les applications qui nous procurent le plus de satisfaction sont aussi celles qui nous absorbent le moins de temps dans la journée. D’ailleurs, l’objectif de ces applications est souvent d’améliorer notre productivité. Notre utilisation des applications est donc paradoxale : plus on passe de temps sur une application, moins la satisfaction que l’on en retire est grande.

Mais alors pourquoi passe t-on autant d’heures sur Facebook si cela nous rend généralement plus malheureux ? C’est parce que ces plateformes sont hautement addictives.

Sean Parker, co-fondateur de Facebook, est alarmiste :

«Cela change littéralement votre relation avec la société, les uns avec les autres. Cela nuit probablement à la productivité de façon étrange. Dieu seul sait ce que cela fait au cerveau de nos enfants.»

Sean Parker, co-fondateur de Facebook

L’iGen, une génération frileuse ?

Les iGeners sont les adolescents les plus averses aux risques physiques de l’histoire.  Un constat… globalement positif ? À vous d’en juger ! L’iGen est également une génération plus sage que les précédentes, qui grandit aussi plus lentement que ses aînés. Les iGeners, au même âge, fument moins, boivent moins, s’engueulent moins avec leurs parents, prennent moins la voiture, travaillent moins l’été…

Sur le plan intellectuel et social, les iGeners sont particulièrement fermés. Il me semble en effet essentiel d’être capable de sortir de sa zone de confort en confrontant ses idées à celles des autres. C’est même le but du système éducatif. Pourtant, cette curiosité intellectuelle a un goût particulièrement fade pour beaucoup d’iGeners, lesquels voient dans tout échange d’idées – et toute contradiction –  un risque émotionnel à éviter.

L’iGen est, en effet, une génération susceptible. Les adolescents, en pleine construction de leur identité, sont plus que jamais soumis à l’approbation sociale de leurs « amis ».

Dans certains campus universitaires américains, cette vulnérabilité s’invite parfois de la manière suivante : par peur de froisser les iGeners, la liberté d’expression y est de plus en plus limitée. Cela a même conduit à la création de « safe space », des lieux « permettant aux personnes habituellement marginalisées, à cause d’une ou plusieurs appartenances à certains groupes sociaux, de se réunir afin de communiquer autour de leurs expériences de marginalisation. »

Aujourd’hui, les smartphones et les réseaux sociaux semblent être le cadet des soucis de notre civilisation occidentale. Ce phénomène cristallise pourtant les dérives qu’impliquent une diffusion trop rapide de nos nouvelles technologies de communication, à un degré encore jamais ressenti dans nos vies quotidiennes.

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