Alors que les rapports scientifiques sont toujours plus alarmants sur la santé de notre planète, certains technophiles comme Bill Gates investissent dans des technologies qui pourraient, selon eux, régler le défi climatique.
Un ensemble de techniques qui porte un nom : géo-ingénierie.
Nous sommes en 2035
Alors que la terre et ses habitants ressentent de plus en plus les effets du changement climatique, le Think-tank américain Globus remporte une énorme victoire.
Son projet pour limiter le réchauffement du territoire américain vient d’être adopté par le
gouvernement.
Le plan ?
Envoyer des avions chargés de particules réfléchissantes dans le ciel. Ces derniers les disperseront au dessus du territoire américain, dans les hautes couches de l’atmosphère.
Les particules en question permettront de bloquer et de renvoyer des rayons solaires dans l’espace, contenant ainsi la montée des températures.
« Face à la répétition des canicules, la Maison Blanche décide de faire confiance à son armée de scientifiques et adopte le plan du think-tank Globus » titre ce jour-là le New York Times.

« Victoire ! Le gouvernement décide enfin de combattre le climat » crie une journaliste de Fox News.
C’est ça, la géo-ingénierie. Un ensemble de techniques pour manipuler le climat afin de lutter contre le changement climatique.
Mais comme vous vous en doutez, trafiquer les systèmes vitaux de la planète comporte des risques colossaux.
Un climat trop complexe pour l’homme
Après tout, la climatologie est une science inexacte. Nos connaissances sur le climat sont aujourd’hui fort limitées. Une liste non exhaustive des variables à étudier pour un chercheur ?
Il devra analyser les mouvements de l’air et de l’eau, la température, l’humidité, la densité et la pression de l’air, l’intensité solaire, etc. Les interactions entre ces différentes variables sont encore mal connues, et la puissance de calcul requise pour les modéliser, trop importante.
C’est pourquoi les détracteurs de la géo-ingénierie s’opposent à ce concept : trafiquer le climat reviendrait à jouer avec le diable.
Ajouté à cela, la géo-ingénierie pose un défi géopolitique. Car contrairement aux pays, l’atmosphère ne connaît pas de frontières.
Petit retour en arrière : en 1991, le volcan Pinatubo aux Philipinnes entre en éruption. Ce dernier va diffuser dans l’atmosphère des particules réfléchissantes, diminuant la température moyenne sur Terre de 0,5 degrés. Un chiffre colossal.
Mais cette éruption aura d’autres conséquences. En effet, les pluies diminueront de moitié dans la région. Une catastrophe pour des pays comme l’Inde, qui dépendent fortement de la mousson pour se nourrir.
Le lien entre diffusion de particules réfléchissantes et diminution des pluies a depuis été soutenu par plusieurs études scientifiques.
Comment peut-on alors justifier la manipulation du climat pour un pays, sans pour autant attirer la fureur de ses voisins qui pourraient être impactés par ces expérimentations ? Appliquée par un pays, une technique de géo-ingénierie pourrait empoisonner les relations internationales à un niveau insoupçonné.
La diffusion de particules réfléchissantes dans l’atmosphère comporte un autre risque majeur. Car une fois cette manoeuvre enclenchée, il serait compliquée d’altérer ses effets.
En effet, dans une étude nommée « Climate engineering and the risk of rapid climate change », plusieurs scientifiques affirment qu’un arrêt de la diffusion de particules réfléchissantes pourrait avoir des conséquences désastreuses.
En lieu et place du réchauffement graduel de la planète qu’on essayait de combattre dans un premier temps, on observerait alors une hausse fulgurante des températures, peut-être 10 fois plus rapide. Notre écosystème basculerait alors définitivement dans le rouge.
Moins chère que les énergies renouvelables
En 2016, une étude menée par Harvard démontrait un fort soutien de la population américaine en faveur de la géo-ingénierie, avec 67% des sondés favorables à ces techniques.
Pourquoi un engouement aussi marqué ? Tout d’abord à cause des coûts. En effet, la géo- ingénierie est une option bien moins coûteuse que les autres solutions proposées au changement climatique.
Contrairement aux techniques de géo-ingénierie, l’investissement dans les énergies renouvelables coûterait des centaines de milliards de dollars aux États-Unis.
D’autres méthodes de géo-ingénierie, intéressantes et moins risquées, existent bel et bien. Elles devront prochainement être expérimentées, comme le processus d’extraction du carbone de l’atmosphère.
Ces techniques ne doivent cependant pas nous détourner du vrai défi que vous pose le changement climatique, à savoir changer nos modes de consommation et nous convertir aux énergies renouvelables.